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jeudi 16 mars 2017

Good morning KLAXONS

Et bien voila, nous y sommes, dernier pays d'Asie visité, le quatrième. Un pays que nous découvrons et qui est très différent de ce que nous avions pu connaître avant. Nous sommes toujours surpris qu'un simple passage de frontière puisse engendrer de tels changements. Quoiqu'il arrive, nous faisons avec et comme nous aimons à nous le rappeler, contrairement aux habitants, nous, simples voyageurs à vélo, nous ne sommes que de passage (on se rassure comme on peut!)

Un exemple de nombreux paysages traversés: les rizières!


Avant d'arriver au Vietnam, nous avons dû franchir une dernière fois une chaîne de montagnes séparant le Laos et le Vietnam. Ces différentes montées nous ont demandé beaucoup d'efforts avec des passages à 1 500 mètres d'altitude, dans des pentes qui ont fait couler beaucoup de ... sueur! Le Laos, dans ces coins si reculés, révèle une vie très rude, qui marquera à jamais nos mémoires; les habitants vivant dans un dénuement qui ne les empêche pas de nous encourager et de nous saluer dans chaque village traversé.

La montée et la vitesse (très lente) à laquelle nous évoluons pour rejoindre le poste frontalier de Nam Can,  nous permet de continuer à observer les vestiges d'une guerre ayant laissé des traces indélébiles sur le paysage. Sur ces montagnes parfois pelées à cause de la déforestation et la technique de culture sur brûlis, nous observons des cratères de bombes et des morceaux d'obus servant de décoration à l'entrée des commerces.

Nous partons donc en direction du Vietnam sans trop savoir où nous allons dormir, car une journée de vélo ne suffira pas à rallier une hypothétique ville vietnamienne. Heureusement, à 40 kilomètres de la frontière nous trouvons une guest house (la seule que nous ayons vue en 2 jours) bien ... miteuse, mais qui nous dépannera quand même. Pour l'anecdote, pendant les devoirs d'Anne-Lyse, au rez de chaussé de ce bâtiment peu attirant, situé au milieu du village, nous assistons à la mise à mort d'un énorme cochon au beau milieu de la cour, avec les cris qui vont avec, évidemment!
Anne-Lyse a ainsi pu combiner mathématiques et cours d'anatomie porcine.... Le problème est venu avec le deuxième cochon que les charmants habitants de ce village ont décidé de zigouiller à 3 heures du matin, avec les mêmes cris que son congénère! Et je passe  sur les différents bruits environnants, qui souvent, depuis que nous sommes en Asie, nous empêchent de récupérer convenablement de nos journées de vélos. Décidément, ces gens ne s'arrêtent jamais!




Le lendemain matin, en sortant de ce mauvais cauchemar, nous avons la tête dans le brouillard, le vrai celui-ci. Nous ne voyons pas à 15 mètres... Nous savons qu'après une vingtaine de kilomètres de montées, nous allons commencer à descendre vers le Vietnam et que la partie n'est pas gagnée car l'état des routes ici est particulièrement mauvais. C'est donc avec la plus grande prudence que nous nous élançons dans cette purée de pois qui nous fera louper bons nombres de panoramas.


Nous avons l'impression de rouler sur des œufs, nous passons d'une zone de goudron à peu près convenable à une zone truffée d'ornières. Il y a des trous, de la boue, les vélos souffrent... nous aussi!




Une petite lessive au pays où rien ne sèche, s'impose ....

Le mécano ne va pas chômer ce soir!

En arrivant au poste frontière, recouverts de boue, nous sommes pris pour des fous, même les douaniers ne croient pas leurs yeux de voir une famille à vélo dans ces conditions. Manque de chance, nous arrivons à l'heure de midi (13 heures) et ces charmants officiers ferment boutique pour leur pause déjeuner. Par pitié ou compassion, ils nous invitent à nous réchauffer auprès d'un petit feu allumé au beau milieu des barrières servant de séparation entre les 2 pays: sympa!


Les formalités reprennent donc et nous passons rapidement ce passage incontournable. Nous retrouvons une belle route, de beaux virages en lacets avec même des barrières de sécurité, le luxe! Il faut juste se méfier de l'important nombre d'animaux squattant cette jolie route de montagne. Nous évitons, dans le désordre, cochons, vaches, buffles, chèvres, chiens, enfants, .... Par contre, nous n'échappons pas aux klaxons. Au début, on se demande ce que l'on a fait pour mériter de se faire carillonner de la sorte, mais en fait c'est ainsi dans tout le pays. Les bus, camions, motos, voitures se mettent à notre hauteur, la vitre baissée ou la porte ouverte et avec un sourire dont seuls les vietnamiens ont le secret, laisse le doigt appuyé sur ce (maudit) klaxon jusqu'à ce que eux -mêmes se fassent klaxonner par la personne les suivant et désirant prendre leur place!
Au bout de 2 jours, nous n'en pouvions déjà plus! A Hanoï, j'ai craint qu'une partie de notre faculté auditive ne reste au Vietnam ...

Venise? Euh non : le Vietnam!

Transport de cochons au Vietnam

Un pays humide où les klaxons ne connaissent pas la crise!


Nous découvrons un aspect très rural du pays: comme souvent, deux mondes s'opposent... D'un côté nous observons des vietnamiens équipés d'une technologie numérique qui n'a rien à envier à la nôtre et d'un autre, une partie de la population vit grâce au travail de cueillette dans la forêt ou à l'élevage de quelques porcs ou buffles.

Quoi qu'il en soit, la population nous accapare beaucoup, n'hésitant pas à prendre nos vélos pour les essayer ou à kidnapper les enfants pour d'interminables selfies. C'est très différent du Laos et du Cambodge par exemple, et même si nous étions prévenus de ces différences, nous aimons nous faire notre propre opinion d'un pays. Dans ce cas précis, je pense que nous serons plutôt contents quand l'expérience prendra fin. L'avenir nous le dira!


Suite à ces premières impressions, nous décidons de mettre le cap sur la côte, afin de prendre quelques jours de repos dans un environnement qui fera plaisir à Félix et Anne Lyse. Nous arrivons donc à Cua Lo, sur les bords de la mer de Chine. Nous n'avons aucun mal à trouver un hôtel car il y en a un nombre incroyable dans cette ville côtière et la plupart sont vides, en construction ou à l'abandon. Cette station balnéaire est très surprenante, tout n'est que démesure, grandes avenues, beaucoup de taxis, décorations avec les emblèmes du parti communiste partout, nombre incroyable de restaurants et il n'y a .... personne. C'est presque triste et déprimant! Au moins nous pouvons nous y reposer facilement.


Charrettes servant aux pêcheurs

Barque de pêche traditionnelle

Tout est démonté et stocké chaque soir (moteur compris!)

Port de pêche Vietnamien

Nous reprenons notre route vers le nord avec un passage par la très dangereuse route A1 qui relie Hanoï à Saïgon au sud. La circulation y est intense et nous sommes surpris par la pluie qui nous stoppe dans un restaurant ouvrier du bord de route. Nous sommes coincés et nous espérons une accalmie (qui ne viendra pas) afin de rallier un hôtel situé à x kilomètres de là. Nous prenons donc le temps de déjeuner, de faire les devoirs et nous finissons par demander l'hospitalité à la famille qui tient ce commerce et dont la fille est devenue la grande copine d'Anne-Lyse.
Ce ne sera donc pas le grand luxe mais nous aurons un toit puisque nous dormirons dans la salle du restaurant, au bord de la route. Nous alimentons ainsi les discussions des routiers de passage, qui viennent observer notre matériel en nous proposant systématiquement des verres d'alcool de riz afin d’honorer notre rencontre. La preuve que ces routes sont plus que dangereuses!

Il y a souvent un lit pour que les routiers se reposent, mais ce soir il sera pour les P'Tits Vélos!

Félix aura beaucoup de travail de nettoyage au Vietnam

Nous reprenons donc notre route vers le nord, en empruntant le plus possible la route nationale 1, en alternant entre la côte et l'intérieur des terres jusqu'à ce que nous décidions d'aller chercher la piste d'Ho Chi Min (route 15). Cette route servait à relier  le nord au sud du pays pendant les guerres d'Indochine et du Vietnam. Nous quittons donc les plaines où est cultivé le riz, pour emprunter une route beaucoup plus accidentée. C'est un gros changement de rythme pour nos organismes, qui commencent malgré tout à fatiguer.
Il faut savoir que depuis que nous sommes au Vietnam nous n'usons pas notre tente puisque nous prenons une chambre d'hôtel chaque soir. Le prix est relativement bas (8/12€) pour nous 4 et le pays est tellement peuplé (plus de 90 millions d'habitants pour une surface de 0,6 fois la France) qu'il est compliqué de trouver des endroits pour planter notre tente. Chaque coin de terrain est exploité sous forme de rizière ou de culture diverse et variée, même dans les endroits les plus pentus. Nous devons systématiquement laisser un passeport à l'hôtelier, passeport qui nous est rendu le matin lorsque nous redonnons les clefs de la chambre. 
Et ce qui devait arriver arriva: après 45 kilomètres de pédalage, quasiment au moment de la pause déjeuner, Magali me demande: "Au fait, tu as récupéré le passeport ce matin?" / ma réponse:"hé bien non, je pensais que tu l'avais fait ....".

Pas cool! Soit on fait demi tour: 90 kilomètres dans la journée, ça commence à faire beaucoup, soit on continue et l'on essaie de trouver une moto pour faire un aller retour. 
Nous optons pour la deuxième solution et après plus de 70 kilomètres à vélo, la propriétaire de l'hôtel nous prête gentiment son scooter pour que je fasse marche arrière pour "réparer" notre bêtise. Un aller-retour dont je me serais bien passé! Après plus de 4 heures de vélo dans les montagnes, je repars pour 3 bonnes heures de moto dont une partie de nuit. Pendant cette escapade, j'ai flirté avec l'accident, tant les routes et la conduite, ici, sont dangereuses. Le principal consistait à récupérer le précieux sésame nous permettant de continuer sereinement notre aventure.


Bien poussiéreux mais entier, c'est le principal!

Nous prenons ensuite la direction du parc national de Cu Phong, la plus veille réserve nationale créée au Vietnam. Nous empruntons de nombreuses pistes, toutes aussi boueuses les unes que les autres. Ça tombe bien car nous sommes le weekend et c'est traditionnellement jour de VTT!

Nous mettrons 2/3 jours à rallier l'entrée de ce parc qui s'étire sur plusieurs dizaines de kilomètres et qui va être pour nous un gage de repos, après tout ce temps passé dans ce bruit permanent! 
Dès que nous franchissons le seuil du parc, nous sommes surpris par les nuages de papillons qui virevoltent devant nos roues. La nature est omniprésente et les montagnes recouvertes d'une végétation luxuriante finissent d' envoûter ce lieu. 
Il n'y a que très peu de touristes. Nous choisissons de prendre une chambre un peu plus haut de gamme qu'à l'accoutumée car nous avons besoin de calme et d'un peu de confort. Le premier jour est donc consacré au repos et à la visite des espaces de conservation des tortues et singes dont certaines espèces sont en voie d'extinction. 
C'est très intéressant de voir comment ces animaux sont peu à peu remis en  liberté après une phase de reproduction. Nous observons par exemple de très jeunes singes, ce qui fait la joie des enfants.



Singe en semi liberté

Le lendemain sera consacré à la découverte d'une partie du parc grâce cette fois à nos vélos, qui sont délestés des bagages puisque notre hôtel se trouve à l'entrée du parc. Quelle joie de pouvoir évoluer avec des vélos beaucoup plus légers, dans un environnement sans voiture et dans un milieu aussi sauvage et si particulier. Nous effectuerons les 20 kilomètres de montées en nous arrêtant visiter une grotte où des restes humains datant de 7 500 ans ont été découverts ou alors en nous arrêtant sous des arbres dont la hauteur vertigineuse nous ferait presque tourner la tête.
Nous passerons l'après midi à crapahuter dans la montagne pour une balade de 5 kilomètres, qui nous permettra d'observer un arbre vieux de 1 000 ans. Il fait chaud, l'atmosphère est très humide mais nous apprécions le calme ambiant et profitons de ces moments pour écouter les sons émis par toutes les espèces d'insectes et d'animaux plongeant ainsi au lieu une ambiance que nous n'avons, nous, pauvres européens, jamais connue auparavant.





Maîtres et maîtresses, je vous laisse expliquer cette formule aux enfants ....

Arbre millénaire

Danger route glissante

Type de logement possible dans le parc de Cu Phong

Nous finissons cette sortie par un sprint où le gagnant aura la chance de prendre sa douche en premier et à ce petit jeu, c'est Félix qui sort vainqueur après avoir joué tactique avec sa Maman pour la coiffer sur le poteau d'arrivée!

Sans rancune, Félix se douchera en premier ce soir!

Vue de notre chambre dans le parc de Cu Phong

Après ces 2 jours de calme et de repos nous reprenons notre route vers Ninh Binh, ville qui sert souvent de point de départ pour visiter la "baie d'Along terrestre". Nous croisons les doigts pour que la météo s'améliore car nous jonglons avec des averses et un temps très maussade, qui engendre une humidité qui a tendance à user prématurément nos beaux carrosses. Les vitesses se dérèglent, les pédaliers font du bruit, .... bref, vivement Hanoï afin de trouver des magasins de cycle qui nous permettront de réviser le matériel avant l'Europe.

En attendant, nous évoluons dans un environnement de véhicules qui nous font doucement sourire et dont le chargement ne tient que par l'opération du saint esprit ....

Scène de pêche en haut douce sur le bord de la route pour Ninh Binh

Combien de kilos de bananes sur cette moto?

Sur les routes du Vietnam, ça donne ça ...


Dans le film ci dessous, vous allez voir une sorte de condensé de ce que l'on peut vivre au Vietnam (la pluie en moins!). C'est une sorte de journée type même si elles sont toutes différentes, avec un aperçu d'une route reliant le Laos à la Mer de Chine, un petit tour de VTT sur une des nombreuses pistes prises, un exemple de sortie d'école que nous vivons au moins 2 fois par jour (midi et après midi) et enfin l'ambiance "sonore" dans laquelle nous avons découvert le parc national de Cu Phong.







La suite à Hanoï où un avion va nous faire faire un grand bon en avant ou en arrière, c'est selon ....



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